Dr Saïd Ouichou

Dans cette interview, le Dr Ouichou revient sur les agressions verbales et physiques dont il a été victime dans son cabinet. Des situations répétées, parfois banalisées, qui ont profondément marqué sa pratique et sa vie familiale. « Quand mes enfants me demandent le soir si tout s’est bien passé, c’est qu’il y a un problème », confie-t-il.

Face à la montée des incivilités, le médecin a dû prendre une décision difficile : quitter son cabinet historique du boulevard Rondeau pour rejoindre un centre de santé situé à quelques kilomètres. Un départ contraint, vécu comme un électrochoc, mais certainement pas un abandon. « Je reste dans les quartiers Nord. J’y tiens. Ce sont mes patients, ma vocation », insiste-t-il.

Au-delà de son cas personnel, le Dr Saïd Ouichou porte la voix de nombreux habitants et professionnels confrontés au même sentiment d’abandon. Vols, agressions, trafics, peur de se déplacer : pour lui, l’insécurité n’est pas un concept abstrait mais une réalité quotidienne qui fracture la vie sociale et décourage ceux qui veulent encore s’engager au service des autres.

Médecin formé à Paris, ancien membre de SOS Médecins, il a fait le choix de s’installer à Marseille pour y exercer une médecine de proximité, humaine, tournée vers l’écoute. Diabète, maladies cardiovasculaires, précarité sanitaire : les besoins sont immenses dans ces quartiers, et le manque de médecins devient critique.

À travers ce témoignage fort, le Dr Saïd Ouichou appelle à une prise de conscience collective et politique. Protéger les soignants, garantir la sécurité des habitants, rétablir l’égalité entre les quartiers : pour lui, il n’y a pas de fatalité. « Pourquoi tolère-t-on ici ce qui serait inacceptable ailleurs à Marseille ? », interroge-t-il.

Ce cri d’alerte n’est pas une polémique, mais un appel à l’action. Pour que les quartiers Nord ne soient plus un territoire relégué, mais pleinement reconnus comme une partie intégrante de Marseille.